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Exposition

1995 - 2002

MUTATIONS ARTISTIQUES & CULTURES URBAINES

" Mon père italien avait épousé une Française et, en plus, il s’était fait naturaliser. C’était un vendu."

François Cavanna, 1998

À l’aube du XXIe siècle, la France est une société pluri-culturelle mais elle ne le sait pas encore. Le film de Mathieu Kassovitz, La Haine, avec Hubert Koundé, Saïd Taghmaoui et Vincent Cassel marque pourtant un tournant majeur, qui porte un regard puissant sur les banlieues. Vingt ans plus tard (2015), les images de ce film traverseront l’exposition Hip-hop, du Bronx aux rues arabes, à l’Institut du monde arabe, et rappellent qu’il y a un avant et un après 1995. Des immigrations traditionnelles venues de l’Europe du Sud aux immigrations postcoloniales afro-antillaises et maghrébo-orientales, la diversité des flux migratoires va être la spécificité de la génération qui vient, faisant de la diversité son item. Mais la révolution culturelle de cette période arrive des États-Unis, et elle balaye tout, comme l’illustrent en 1996 les rencontres culturelles de La Villette. Popularisé dans les années 90 par des groupes comme NTM, IAM, MC Solaar, Ministère Amer ou Oxmo Puccino, le mouvement n’est pas exclusivement musical ; c’est une culture urbaine plus large qui s’appuie sur la danse, l’art graphique et la musique, avec ses codes vestimentaires et son langage. Le clip vidéo devient le vecteur privilégié de diffusion de cette culture et, en 2002, c’est au Stade de France, symbole de la génération Black-Blanc-Beur de 1998, qu’est organisé le festival hip-hop Urban Peace, premier du genre.

 

Après Mathieu Kassovitz, NTM ou Zebda, le phénomène de métissage continu d’irriguer la scène musicale française : on découvre Matthieu Chedid (alias M), petit-fils de l’écrivaine Andrée Chedid et fils du chanteur Louis Chedid qui métisse les sonorités ; Rachid Taha qui fait le lien entre les artistes de la chanson immigrée en reprenant, en 1997, Ya Rayah du chanteur Dahmane El Harrachi ; Princess Erika qui est en tête des ventes avec son tube Faut qu’j’travaille en 1996. C’est dans ce contexte qu’émerge une nouvelle génération d’humoristes, avec Gad Elmaleh, Dany Boon, Éric et Ramzy... et bien entendu Jamel Debbouze. Son premier grand succès populaire arrive en 2002, avec la sortie du film Astérix et Obélix : Mission Cléopâtre, réalisé par Alain Chabat. La génération Debbouze est née, elle va marquer ce début de XXIe siècle par ses prises de parole et son engagement politique. Au Louvre comme dans les grands musées nationaux, on regarde désormais au-delà des frontières traditionnelles, et une section présentant des pièces d’art africain associées à des oeuvres d’Asie, d’Océanie et des Amériques est inaugurée en 2000. La même année, le public découvre Amahiguere Dolo dans le jardin des Tuileries, aux côtés des oeuvres de Rodin et Maillol… une année après l’immense succès du sculpteur Ousmane Sow qui a présenté une rétrospective sur le pont des Arts.

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