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Exposition

1987 - 1994

CULTURES MÉTISSÉES & REGARDS CROISÉS

" Les enfants des cités ont perdu le contact."

NTM, 1993

Le tournant des années 80-90 est un moment majeur. La seconde génération issue des immigrations postcoloniales monte sur scène pour occuper un large spectre culturel, fixant l’idée d’une France métissée alors que les débats sur l’immigration connaissent une crispation sans précédent. Aux immigrations « traditionnelles » s’ajoutent des flux en provenance du Liban en guerre, d’Afrique tropicale et de Madagascar, des réfugiés kurdes et des travailleurs turcs, mais aussi en provenance des Comores, du Sri Lanka ou de Chine. Si le Front national connaît alors des succès électoraux sans précédent (trente-cinq députés FN entrent en 1986 à l’Assemblée nationale), des artistes comme Serge Gainsbourg sont plébiscités par les Français. Ce dernier va écrire, en 1990, la chanson Black and white blues pour représenter la France à l’Eurovision, interprétée par Joëlle Ursull (de Zouk Machine).

 

En 1989, lors du bicentenaire de la Révolution française, le défilé-opéra de Jean-Paul Goude célèbre aussi ce métissage de la société française à travers son histoire. La veille, l’Opéra Bastille est inauguré avec La Nuit avant le jour de Bob Wilson. Le regard change et s’affirme par la culture. Linda de Suza fait de son pays d’origine, le Portugal, une thématique privilégiée de son répertoire et rend visible une des premières communautés issues de l’immigration présente en France. Paris résonne alors aux accents de la black music, Manu Dibango triomphe à L’Olympia (1991), Kassav’ est sur scène en 1990 pour la Fête de la musique, place de la Bastille, et la Compagnie créole enchaîne les tubes ; les scènes de théâtre voient l’avènement d’une nouvelle identité africaine francophone portée par de jeunes auteurs-metteurs en scène tels Caya Makhélé ou Koffi Kwahulé. Au cinéma, le tournant s’est déjà opéré en 1986, avec le film culte Black mic-mac, qui a propulsé le comédien Isaac de Bankolé sur le devant de la scène et que l’on retrouve, trois ans plus tard, dans Vanille Fraise. Dès 1989, la télévision répercute cette dynamique, en portant à l’écran Jacques Martial, dans la série Navarro, et Mouss Diouf, dans la série Julie Lescaut à partir de 1992. La télévision est devenue, au cours de cette décennie charnière, le premier espace de diffusion du cinéma avec l’avènement du magnétoscope et de la cassette VHS. Bien avant que le sport ne consacre en 1998 la génération Black-Blanc-Beur, la culture revendique cette nouvelle identité de la France, et une exposition comme Les Magiciens de la Terre au Centre Georges-Pompidou et à la Grande Halle de la Villette, en 1989, affirme ce changement du regard. De manière ironique, et politique aussi, en clôture d’une génération qui revendique ses identités multiples, le groupe Zebda rencontre son premier succès populaire avec son album phare en 1995, Le Bruit et l’Odeur… tout un programme.

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