
Exposition
1947 - 1953
OUBLIER LA GUERRE & REPENSER LES ARTS
" Je suis arrivée le 1er mai 1950 à Paris. La France est mon pays,
la Belgique est ma patrie."
Annie Cordy, 1950
Avec les Trente Glorieuses, s’amorce une nouvelle vague de migrations venant du Sud et de l’Est de l’Europe, ainsi que d’Afrique du Nord, gérée par le nouvel Office national d’immigration. Elle s’ajoute aux enfants des immigrations espagnole et italienne des décennies précédentes, constituant ainsi une mosaïque fondatrice de ces années d’après-guerre. C’est dans ce cadre qu’une nouvelle vague d’artistes s’installe en France. Ils arrivent du Maghreb, d’Afrique subsaharienne ou des Antilles, des pays méditerranéens (Espagne, Italie, Égypte ou Grèce), mais aussi des États- Unis, fuyant la ségrégation ou le maccarthysme, comme le réalisateur John Berry. Paris reste capitale des arts en accueillant des artistes de stature internationale, tels Alberto Giacometti ou Constantin Brancusi, mais aussi les représentants de la mouvance non figurative, avec Nicolas de Staël ou Zao Wou-Ki, et du mouvement CoBrA, tels Jean-Michel Atlan ou Pierre Alechinsky. Musicalement, la capitale a retrouvé son identité noire de l’avant-guerre avec le jazz. Sidney Bechet, Louis Armstrong ou Miles Davis se produisent dans les caves et les cabarets de Saint-Germain-des-Prés, au Club Saint-Germain ou à L’Étoile noire, et Paris accueille son premier festival de jazz. La scène théâtrale s’avère particulièrement dynamique, après-guerre, avec l’acteur Habib Benglia, toujours présent, Féral Benga et son célèbre cabaret-théâtre La Rose Rouge, tandis qu’émerge une nouvelle génération d’artistes noirs dans le sillage de Daniel Sorano.
L’univers de la chanson est, lui, en pleine mutation. Triomphe alors Édith Piaf, au sommet de son art comme aux Arènes de Collioure en 1950, ou Yves Montand, l’un de ses « protégés », avec le titre À Paris en 1947. C’est aussi le temps où s’affirment Henri Salvador, avec le grand prix du disque de l’Académie Charles-Cros en 1949, Mouloudji avec la chanson Comme un p’tit coquelicot qui obtient le grand prix du disque en 1953 ou Georges Brassens qui triomphe à Bobino en 1953. On assiste aux débuts prometteurs de Barbara, Jacques Brel, Dario Moreno, Francis Lemarque ou Charles Aznavour. La radio, média star de l’époque, se fait tout particulièrement le vecteur de ces nouvelles cultures populaires. Les populations issues de l’immigration y trouvent aussi un nouvel écho avec les ELAK (émissions en langue arabe et kabyle) puis les ELAB (émissions en langue arabe et berbère) qui diffusent reportages et retransmissions de concerts. Si le cinéma français peine à sortir des années noires, une nouvelle génération s’affirme, autour de jeunes talents tels Louis de Funès, Simone Signoret dans l’inoubliable Casque d’Or en 1952 ou Lino Ventura avec Touchez pas au grisbi en 1953, ainsi qu’avec des réalisateurs tels Sacha Guitry et Jacques Tati.
