
Exposition
1979 - 1986
AFRO-BEUR CULTURE & DOUCE FRANCE
" Je prends le meilleur. Je suis curieux, donc je vais vers l’autre. "
Manu Dibango, 1997
Dans les années 80, la crise qui se prolonge donne un coup de frein à l’immigration de travail en France. Le contexte est à la crispation vis-à-vis des immigrés et de leurs enfants. Les quartiers populaires, sur lesquels Karim Kacel pose un regard avec son album Banlieue (1982), focalisent les débats sur l’insécurité. C’est aussi le temps des nouvelles visibilités, comme en 1983 avec la Marche pour l’égalité et contre le racisme qui connaît son point d’orgue avec un grand concert, place de la Bastille. L’année suivante va voir la création de SOS Racisme et, le 15 juin 1985, c’est le premier festival organisé par l’association, place de la Concorde, auquel participent les comiques Guy Bedos et Coluche ainsi que le groupe Indochine et Francis Cabrel. La France se découvre métisse, tandis que s’affirme une culture afro-beur issue des quartiers populaires. Du côté des arts plastiques, des expositions telles que Les Enfants de l’immigration (1983) et Masques et Sculptures d’Afrique et d’Océanie (1986) offrent un nouveau regard sur l’Afrique et le Maghreb, mettant en avant le travail de jeunes artistes comme Rachid Khimoune ou Kacem Noua. Avec les années 80, le métissage culturel est à la mode.
La black music a désormais pour capitale Paris, qui accueille une nouvelle génération de musiciens : La Compagnie créole, Kassav’, Laurent Voulzy, mais aussi des musiciens africains comme Ray Lema, Mory Kanté ou Salif Keïta… Sans compter les artistes tels que Fela Kuti ou Youssou N’Dour qui donnent des concerts en France. Mêlant musiques méditerranéennes avec les sons reggae, punk et rock, Rachid Taha et le groupe Carte de Séjour créent l’événement en reprenant Douce France de Charles Trenet en 1986. C’est aussi l’époque où le raï moderne connaît le succès avec un artiste comme Cheb Mami et où le chanteur Louis Chedid fait ses premières scènes. On les entend sur les ondes de Radio Beur ou dans l’émission Mosaïque, diffusée de 1976 à 1987, le dimanche matin sur FR3. Au cinéma, les lignes bougent, elles aussi. La figure de l’immigré, souvent stéréotypée, se nuance peu à peu comme dans Tchao Pantin avec Coluche en 1983. La réalisatrice Euzhan Palcy interroge, la même année, la période coloniale en la mettant en perspective avec Rue Cases-Nègres et Mehdi Charef connaît le succès avec Le Thé au harem d’Archimède (1985). Dans une veine comique, Michel Boujenah triomphe avec le film Trois hommes et un couffin (1985), Smaïn brûle les planches du Petit Théâtre de Bouvard, et, se distingue au cinéma, avec L’OEil au beur(re) noir (1985) aux côtés de Pascal Légitimus. Paris reste une scène essentielle de la danse avec des chorégraphes comme Pina Bausch, qui présente de nombreuses créations au Théâtre de la Ville à Paris, ou Rudolf Noureev, nommé directeur du ballet de l’Opéra national de Paris en 1983.
