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Exposition

1954 - 1968

RÉVOLUTION YÉYÉ & PASSAGE DE GÉNÉRATION

" J’ai rêvé que j’étais dans mon pays. Au réveil, je me trouvais en exil."

Kateb Yacine, 1967

Les Trente Glorieuses, les années 50-60… la période est paradoxale. Sur fond de guerre froide, les mouvements migratoires se composent surtout d’exilés politiques en provenance d’Europe de l’Est, qui fuient le communisme. Les décolonisations bousculent l’ordre du monde et, depuis l’affaire de Suez (1956), les anciens empires entrent dans un nouveau récit. L’immigration en provenance des Antilles s’inscrit désormais dans le Bumidom et la cartographie des présences culturelles en France s’en trouve modifiée. C’est aussi un temps qui voit la jeunesse imposer de nouveaux codes et goûts musicaux. C’est la génération des yéyés, ces artistes, venus du Golf-Drouot, qui popularisent le rock’ n’ roll en France grâce à l’essor du disque vinyle ou de la radio Europe 1. Johnny Hallyday, Dalida, Sylvie Vartan, Claude François, Vigon… ces nouvelles idoles sont enfants des vagues migratoires qui ont façonné la France. Mais la décennie est riche de bien d’autres styles musicaux, de Joe Dassin à Sacha Distel, en passant par Georges Moustaki, Serge Gainsbourg ou Annie Cordy, découverte à l’ABC (1954).

 

Le contexte de la décolonisation du Maghreb et de la guerre d’Algérie n’empêche pas l’épanouissement d’un univers culturel arabo-oriental très riche en France, notamment avec Slimane Azem et sa chanson emblématique A muh a muh qui traite des conditions de vie des immigrés. Cet exil, on le lit aussi dans d’autres parcours, notamment celui d’Enrico Macias, qui quitte l’Algérie en 1961. Les maisons de disques Pathé Marconi, Philips ou Decca créent alors des catalogues d’artistes arabo-orientaux : Zerrouki Allaoua, Mohamed Lamari, Warda al-Jazairia et, bien sûr, Oum Kalthoum, l’« Astre d’Orient », dont les concerts à L’Olympia, en novembre 1967, sont joués à guichets fermés. Si la scène musicale est foisonnante, le cinéma n’est pas en reste, entre grands succès publics — La Vache et le Prisonnier d’Henri Verneuil avec Fernandel (1959) ou Les Tontons flingueurs de Georges Lautner avec Lino Ventura (1963) — et révolution esthétique. De jeunes réalisateurs cassent alors les codes en vigueur, c’est la Nouvelle Vague. Du côté du théâtre, c’est une dynamique sans précédent. Robert Liensol devient directeur de la troupe des Griots et, en 1959, monte la pièce Les Nègres de Jean Genet. C’est l’acte fondateur d’une « théâtre noir moderne ». Si Paris se voit voler peu à peu la vedette par New York et le Pop Art, elle reste une scène de stature internationale en rendant hommage à Picasso ou en accueillant les stars du nouveau réalisme que sont Niki de Saint- Phalle, Jean Tinguely, Christo ou César. Elle attire d’ailleurs toujours autant les artistes du lointain, tels le sculpteur Chen Chi Yao ou les peintres Ho Mo-Jung et Taï Hoi-Ying.

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